120 millions : le grand bluff du SIBA

Lors de sa conférence de presse du 16 octobre 2024, le SIBA a annoncé un programme d’investissements de 120 millions, présenté comme la solution au problème des débordements du réseau d’eaux usées et de leurs conséquences désastreuses lors de l’hiver 2023-2024.

L’importance du chiffre semble avoir fait vive impression auprès de la plupart des acteurs (politiques, journalistes, usagers du Bassin) qui se réjouissent déjà de la prochaine fin des problèmes.

Vaine illusion ! Aucun espoir n’est à attendre de cette annonce, bien au contraire elle est très inquiétante, comme nous allons le montrer en regardant de plus près ce qu’elle contient et en le comparant aux besoins réels.

Le contenu des 120 millions

Selon les explications données par le SIBA lors de sa conférence de presse, cette somme représenterait son programme sur 5 ans et serait répartie ainsi :

Réseau d’eaux usées :

  • Nouvelle station d’épuration entre Lège et Andernos : 30 millions
  • Renouvellement, renforcement et amélioration de l’existant : 75 millions sur 5 ans, soit 15 millions par an

La création d’une nouvelle station d’épuration a pour but d’augmenter la capacité de traitement et donc de permettre d’accueillir encore plus de touristes en été (comme le SIBA le reconnaît lui-même les installations existantes assurent sans problème l’épuration des eaux usées de 400 000 personnes). Elle ne répond pas du tout au problème de la saturation du réseau par l’entrée d’eaux parasites lors des inondations hivernales.

Le rythme d’investissements sur le réseau ne montre aucune progression et reste identique à celui mis en œuvre depuis 2015 (source Rapport 2023 du SIBA sur le Prix et la Qualité du Service : « Depuis 2015, le SIBA investit en moyenne chaque année 15 M€ pour assurer la pérennité des ouvrages » ; nota : les données disponibles ne permettent pas de vérifier si ce montant est suffisant).

Réseau pluvial :

9 millions sur 5 ans, soit en moyenne 1,8 million par an.

Or, de 2018 (date de la prise de compétence du SIBA sur le pluvial) à 2024, le SIBA a investi en moyenne 2,6 millions par an sur le pluvial (source comptes annuels du SIBA).

On nous annonce donc en réalité une régression des investissements.

Zones humides :

5 millions sur 5 ans, soit en moyenne 1 million par an.

Or, de 2019 à 2014 le SIBA a investi 14 millions (source comptes annuels du SIBA), dont 5 millions pour le seul bassin de Canteranne, et donc plus de 1 million par an pour les autres opérations. Ici aussi on annonce une régression des investissements.

On voit donc bien que l’annonce des 120 millions représente en fait une régression dans les investissements du SIBA pour pérenniser les ouvrages existants, et a fortiori en aucun cas un effort supplémentaire pour améliorer leur efficacité et tenter de résoudre le problème des débordements.

Les besoins réels

L’objectif affiché (que le programme de 120 millions est présenté comme le moyen d’y parvenir) est de réduire les débordements du réseau d’eaux usées lorsqu’il est saturé par les eaux parasites. Ce phénomène est particulièrement critique, et malheureusement trop souvent avéré, avec les eaux parasites provenant du débordement du réseau pluvial qui inonde les zones urbanisées, comme le SIBA le reconnaît (extrait du document SIBA « Porter à connaissance » de l’été 2024 : « La multiplicité des zones inondées génère une pression significative sur le réseau de collecte des eaux usées, effectivement tous les accès (regards de visite et de branchement) constituent des points d’entrée d’eau de ruissellement sans compter les actes volontaires pour limiter les désordres induits par les inondations. Travailler sur cet aspect représente donc un axe majeur pour éviter les impacts sur les systèmes d’assainissement ». 

Réduire les débordements nécessite donc que le SIBA mette en œuvre d’une part son programme annuel habituel visant à assurer « la pérennité des ouvrages », et à permettre ainsi aux réseaux de fonctionner en sécurité au maximum de leurs capacités, et d’autre part un programme spécifique pour résorber les inondations qui provoquent des entrées d’eaux parasites supérieures à la capacité de transit du réseau d’eaux usées.

Nous avons vu que l’annonce des « 120 millions » se situe déjà, en particulier sur le puvial, en-dessous des programmes habituels. Mais peut-être ces derniers permettent-ils déjà d’améliorer la situation ? Il n’en est malheureusement rien, la situation ne s’est pas améliorée ces dernières années. En effet, les débordements ne sont pas nouveaux, et suite à ceux de 2014 et 2016, il avait été constaté qu’ils devenaient inévitables suite à un épisode pluvieux de 70 mm cumulés sur 7 jours consécutifs, constatation qui avait été partagée en 2016 entre le SIBA et les services préfectoraux. En 2024, force est de constater que la situation est absolument identique : débordements fin février et fin mars avec pourtant des précipitations beaucoup moins importantes que celles de fin 2023, mais atteignant justement les 70 mm en 7 jours, et demande du SIBA, à travers son « Porter à connaissance » de retenir ce même critère comme cas de « circonstance exceptionnelle » l’autorisant à déborder.

C’est donc bien la preuve que les investissements réalisés (environ 150 millions depuis 2018 sur l’ensemble des réseaux) n’ont apporté aucune amélioration sur le sujet et qu’il serait vain d’espérer que les 120 annoncés changent substantiellement la donne.

En fait cela n’est pas une surprise : fort des enseignements tirés des précédents débordements, le SIBA avait bien pris conscience, avant de prendre la compétence pluvial en 2018, du travail colossal de remise en ordre du pluvial et son ancien président avait précisé qu’il allait falloir pour cela y investir 8 millions par an. Avec 2,6 millions par an de 2018 à 2024 on en est très loin et l’absence d’amélioration était prévisible ; et que dire du ridicule 1,8 million par an annoncé pour la suite. C’est d’autant plus incompréhensible quand on lit le compte rendu du comité syndical du SIBA du 7 juin 2021 qui montre sa connaissance des faiblesses de son réseau : « … multiples débordements et inondations sur l’ensemble du territoire mettant en lumière de nombreuses insuffisances et états de vétusté avancés de certains ouvrages ».

Il est donc clair que l’annonce des 120 millions ne résiste pas à l’analyse. Le montant global peut faire illusion mais cela s’avère très insuffisant, en particulier sur le réseau pluvial.

Les solutions

Au-delà d’une sérieuse réévaluation des budgets consacrés aux réseaux, on ne peut améliorer durablement de la situation sans traiter la cause des inondations, qui peut s’exprimer simplement : la quantité d’eau qui arrive sur une zone urbanisée, par la pluie qui y tombe et l’apport du réseau amont, est supérieure à celle qui en repart par infiltration dans le sol et évacuation par le réseau aval.

Comment peut-on agir sur ces quatre paramètres ?

La pluie : on n’a évidemment pas de moyen de contrôle sur ce paramètre. C’est donc lui qui doit conditionner la politique d’aménagement. Pour respecter le territoire et ses habitants, cette politique doit prendre en compte la récurrence observée des épisodes pluvieux importants et on ne peut accepter que le répétitif soit déclaré exceptionnel.

Les apports de l’amont : toutes les mesures prises dans les zones amont, visant à réguler les débits vers l’aval en lissant les débits de pointe, vont dans le bon sens et participent d’une saine gestion des eaux. Leur impact est toutefois limité au périmètre du lit majeur ; dans le cas du SIBA, l’efficacité de ce genre de mesures sur les zones urbanisées sensibles aux inondations est très faible.

L’infiltration : le principe de l’infiltration à la parcelle est la base de la politique de gestion des eaux pluviales du SIBA qui l’applique indistinctement sur l’ensemble de son territoire. C’est assurément un excellent principe partout où il peut être mis en œuvre. Il est toutefois inapplicable lorsque le niveau haut du toit de la nappe est trop proche du niveau du sol, l’espace entre les deux étant alors insuffisant pour permettre l’installation du dispositif d’infiltration qui stocke l’eau lors d’une pluie pour la restituer ensuite lentement par percolation à la nappe située en dessous. Cette fonction essentielle de stockage temporaire et restitution progressive est supprimée lorsque la nappe est affleurante, comme c’est le cas sur la majeure partie du territoire urbanisé du SIBA, et c’est là que l’on retrouve sans surprise les zones les plus fréquemment inondées. Il est donc impératif que le SIBA arrête, dans les instructions de permis de construire, d’ignorer le caractère affleurant de la nappe.

L’évacuation du réseau aval : des décennies d’urbanisation effrénée ont sérieusement mis à mal le réseau de crastes et fossés creusés par les anciens et des ruisseaux ont vu leur lit restreint, ce qui a réduit leur capacité d’évacuation. Leur restauration doit être la priorité de la collectivité.

Ces deux derniers points sont la clé du problème, et le SIBA en est conscient. Ainsi, son président déclarait dans un interview au journal Sud-Ouest, le 3 décembre 2021 « Notre objectif est de prévenir les inondations, …. sur l’eau pluviale, nous avons des progrès à faire ». Il est clair que ces progrès, pour être réellement efficaces, passent par une profonde remise en cause des pratiques locales d’aménagement d’un territoire très convoité, ce qui explique que les belles paroles d’intention ne sont jusque-là restées que du vent.

En conclusion, s’il veut réellement agir efficacement contre les inondations, il est primordial que le SIBA :

  1. Cesse d’instruire favorablement les permis de construire en niant le caractère affleurant de la nappe et en faisant croire que le sol sera capable d’absorber par infiltration les eaux des surfaces aménagées. Une fois cette procédure correctement rétablie, il faudra s’interroger sur les actions à mener pour corriger les milliers de cas où elle a été bafouée.
  2. Traite sérieusement la remise en état des ruisseaux, crastes et fossés. Le prétexte « les propriétaires sont réticents » ne tient pas car la loi est claire et contraignante, il suffit d’un peu de courage politique pour la faire appliquer (articles 215-14 et 215-16 du code de l’environnement). Les dérogations pour autoriser à supprimer un fossé et le remplacer par une canalisation, quelle qu’en soit la raison, doivent cesser, et celles accordées dans le passé doivent être remises en cause.
  3. Revoie substantiellement à la hausse le budget annoncé en détaillant les travaux prévus et en expliquant l’efficacité attendue de chaque projet.
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Reculade du préfet sur le permis à polluer du SIBA !

En vue de leur présentation à la réunion du conseil de gestion du 31 janvier, le Parc Naturel Marin du Bassin d’Arcachon (PNMBA) diffuse à ses membres, le 23 janvier, son analyse technique des projets d’arrêtés.

Le 25, ayant constaté qu’un point très important de notre propre analyse (voir notre article Permis de polluer du SIBA : les textes en question) n’est pas mentionné dans l’analyse du PNMBA, nous en informons ce dernier via nos amis de la SEPANSO qui siègent au conseil de gestion. Ce point concerne l’autorisation de déverser annuellement dans le milieu naturel 5% de la charge polluante collectée : il s’avère qu’elle fait référence à une disposition d’une note ministérielle sortie (volontairement ou non, nous ne saurons jamais) de son contexte, et de fait inapplicable au réseau séparatif du SIBA.

Le PNMBA se rapproche aussitôt des services de la préfecture ; tout ce petit monde est très embêté car ce point d’illégalité des projets d’arrêtés est par trop flagrant. Et il sent bien, à travers la manifestation du 27, les pétitions en ligne, et les alertes de la députée auprès des instances parisiennes, que le passage en force est impossible.

Le 30 janvier au matin, le préfet annonce le retrait de ce point (écouter la deuxième partie de l’émission https://www.francebleu.fr/emissions/l-invite-de-la-redaction-fb-gironde/gironde ) de ses projets d’arrêtés.

Le 31, le conseil de gestion vote sur ces projets amputés un avis favorable (à 2/3 pour et 1/3 contre) assorti de nombreuses réserves.

Que va-t-il se passer maintenant ? Le préfet va-t-il signer des arrêtés vidés de leur principale substance mais encore porteurs de nombreux points inacceptables ?

Nous restons plus vigilants que jamais !

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La presse, tant locale que nationale, s’est bien entendu intéressée à cette reculade préfectorale :

Sud-Ouest du 31 janvier : https://drive.google.com/file/d/1RP0uaFk2XP6xlo7cFo5wB2Fh4Ki2lL9s/view?usp=sharing

InfoBassin du 31 janvier : https://docs.google.com/document/d/1bysX3LkOO-zC_b1tyqI9X-KL9vC8ZEI1/edit?usp=sharing&ouid=104545107975059644085&rtpof=true&sd=true

Le Canard Enchaîné du 5 février : https://drive.google.com/file/d/1jnnaZwGoK11RX01IR_bB5V2XTOCdhSLn/view?usp=sharing

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Manifestation du 27 janvier

Défenseurs de l’environnement, ostréiculteurs, élus, amoureux du Bassin, tous ont rappelé leur refus d’autoriser le SIBA à déverser impunément les eaux usées dans le Bassin, et ont rebaptisé l’allée Corrigan, où siège le SIBA, du nom du Préfet Gabriel Delaunay.

C’est en effet ce dernier qui, en 1964, a imposé aux élus la création du système d’assainissement avec une règle simple : Zéro rejet dans le Bassin. Cet objectif, atteint en quelques décennies, est malheureusement maintenant mis à mal par les conséquences d’une bétonisation effrénée.

Les médias se sont fait l’écho de cette manifestation :

Atlantique tv : https://youtu.be/W9EvWhbuDTY

Sud-Ouest : https://www.sudouest.fr/gironde/arcachon/video-rejet-des-eaux-usees-dans-le-bassin-d-arcachon-nous-sommes-la-pour-dire-non-a-la-lachete-23017450.php

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Les réponses aux questions que chacun se pose pour tout comprendre de l’affaire des arrêtés préfectoraux

L’affaire du « permis à polluer » du SIBA génère une foison de publications, et la diffusion d’informations souvent biaisées, et parfois mensongères.

Pour y voir clair, voici en toute simplicité, et en toute objectivité, les réponses aux questions que chacun se pose.

Q : Avec les nouveaux arrêtés il y aura moins de débordements ?

R : Pas du tout, ce sera exactement pareil. Les aménagements proposés ne réduiront en rien les volumes débordés.

Q : Mais au moins les nouveaux points de rejet auront moins d’impact sur le milieu ?

R : Pas du tout, les points de rejet sont inchangés. Ils sont simplement équipés de dispositifs de mesure.

Q : Mais ils seront aussi équipés de dégrilleurs, cela ne va-t-il pas réduire la pollution ?

R : Cela va certes réduire un peu la pollution visuelle, les débordements seront un peu plus discrets lorsqu’ils s’écouleront vers le Bassin, mais la charge polluante des effluents reste inchangée.

Q : Mais alors, ces arrêtés ne servent à rien ?

R : Si, ils ont un unique but bien précis : dépénaliser les débordements et effacer la responsabilité des élus du SIBA pour leur éviter d’avoir à en assumer les conséquences.

Q : Ah bon, mais après tout n’est-ce pas ce qu’a demandé la juge des libertés et de la détention dans son ordonnance du 2 avril 2024 ?

R : Voilà un raccourci bien facile trop souvent entendu ! Non, il faut relire attentivement l’ordonnance : la juge a ordonné au SIBA de saisir les services de l’état pour officialiser la demande de construction de déversoirs d’orage, afin de protéger les digues des bassins, et a ordonné des contrôles récurrents de l’OFB afin de constater de nouvelles pollutions. La juge n’a aucunement demandé que soit mises en place des dispositions réglementaires pour autoriser le SIBA à déborder.

Q : Les projets d’arrêtés prévoient que le SIBA pourrait rejeter impunément jusqu’à 5% des eaux usées, est-ce vraiment si important ?

R : Cela représente le déversement de l’ensemble des eaux usées du territoire durant 3 semaines entières ! Des centaines de milliers de mètres cubes d’eaux usées, plus d’un million de m3 si elles sont diluées par les eaux de pluie ! Cela provoquerait une pollution du milieu et du Bassin encore bien plus grande que celle de l’hiver dernier : détergents, graisses, médicaments et autres joyeusetés, bactéries, et bien sûr norovirus à volonté. Même en étalant ces rejets sur toute l’année, les effets resteraient catastrophiques, en particulier sur le plan sanitaire.

Q : Oh la la, mais c’est dramatique ! Pourtant, si la préfecture propose de prendre ces dispositions, c’est forcément que la loi l’y autorise, non ?

R : Pas du tout, c’est carrément illégal ! De telles dispositions existent dans la législation, mais uniquement pour les réseaux unitaires ou mixtes. Elles ne sont pas du tout applicables aux réseaux séparatifs, comme celui du SIBA. La réglementation est très claire là-dessus, comme le stipule explicitement l’avant dernier paragraphe de l’article 22-III du décret du 21 juillet 2015.

Q : Décidément le SIBA et la préfecture sont tombés bien bas ! Mais au moins il faut reconnaître que le SIBA va faire de gros efforts pour améliorer la situation : 120 millions, c’est énorme, non ?

R : Désolé de vous décevoir encore, mais regardons de près ce que cache cet effet d’annonce : seule une faible partie de ce montant est destinée à résorber les dysfonctionnements du réseau pluvial à l’origine des débordements d’eaux usées, et cela reste très inférieur à ce que SIBA avait lui-même estimé nécessaire il y a quelques années. De plus, ces efforts sont annihilés par la poursuite d’une politique d’aménagement peu respectueuse de la nature et de l’environnement.

Q : On vit vraiment dans un monde pourri. Vous me laissez sans voix….

R : Je comprends votre abattement. Mais on ne va pas baisser les bras pour autant. Notre environnement, notre Bassin et nos enfants méritent qu’on se batte pour eux jusqu’au bout !

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Et pour prendre connaissance dans le détail des projets d’arrêtés et de notre analyse détaillée du dossier, nous vous invitons à consulter les précédents articles publiés sur ce site.

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Permis à polluer du SIBA : les textes en questions

Les projets d’arrêtés préfectoraux récemment transmis par la préfecture au PNMBA pour avis, inscrits à l’ordre du jour du prochain conseil de gestion du PNMBA du 31 janvier, prévoient d’autoriser le SIBA à déverser impunément dans le Bassin jusqu’à 5% des eaux usées, ce qui est énorme, grotesque, … et illégal !

Ces projets ont été élaborés par la préfecture à la suite du « Porter à connaissance » que le SIBA avait émis en septembre 2014, qui avait fait l’objet d’un article détaillé publié le 19 septembre sur ce site, et des compléments d’information apportés par le SIBA en réponse aux questions de la DDTM.

Ce dernier document est consultable ici : https://drive.google.com/file/d/1hcsUtGghoHkvDCKTMm-HrMzKIuPPJhje/view?usp=sharing

Voici les textes des projets d’arrêtés :

Biganos : https://drive.google.com/file/d/1NkarC6MhHrRACuxD7jyg-VpJTAugWZZX/view?usp=sharing

La Teste : https://drive.google.com/file/d/1dqVY-ONGVCwUTXtuAzLVd-gsme9poc4X/view?usp=sharing

et voici l’analyse détaillée que nous avons faite du dossier, dont la conclusion est sans appel :

https://docs.google.com/document/d/1fgOlvTWz2LUW6WkN-3W6tSkA-3Ha5J22/edit?usp=sharing&ouid=104545107975059644085&rtpof=true&sd=true

Suite à cette analyse, nous avons rapidement alerté le PNMBA, écrit au préfet, organisé la manifestation du 27 janvier, et nous nous préparons à attaquer en justice si ces arrêtés venaient à être signés.

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NON au permis de polluer du SIBA

Il y a quelques mois nous avions massivement manifesté, avec tous les défenseurs de l’environnement et les professionnels du Bassin, notre ferme opposition au « Porter à connaissance » du SIBA qui demandait rien de moins que l’autorisation de polluer.

Faisant fi de la qualité des eaux du Bassin et des exigences environnementales pourtant clairement fixées par la réglementation, le préfet s’apprête à signer des arrêtés légalisant ce permis à polluer et donnant carte blanche au SIBA pour déverser les eaux usées dans le Bassin.

Manifestons tous ensemble notre opposition sans faille devant le siège du SIBA, lundi 27 janvier à 15h  (code vestimentaire recommandé : haut rouge, bas bleu)

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Lettre au préfet contre le permis à polluer du SIBA

Dès connaissance des projets d’arrêtés, l’ADEBA et la CEBA ont rédigé une lettre qu’elles ont adressé au préfet de la Gironde lui faisant part de leur consternation par ces documents qui marquent tout à la fois l’incapacité du SIBA à maîtriser les réseaux dont il a la charge, et la volonté des services de l’État de placer le SIBA sous un régime juridique d’exception, celui d’un syndicat autorisé à polluer l’environnement et le milieu aquatique, ce au mépris des principes « Zéro rejets », et « Bon état écologique des eaux ».

En effet, ces projets font fi de la réglementation relative aux objectifs environnementaux des divers organismes mis en place par l’État pour gérer et préserver nos ressources naturelles et nos écosystèmes (Conseil Maritime de Façade, Plan de gestion du PNMBA, Schéma Directeur de traitement des eaux pluviales du SIBA, SDAGE et SAGE, Code de l’Environnement, Code pénal). Ces objectifs doivent être formellement pris en compte dans l’élaboration de tels projets, et, compte tenu de la sensibilité reconnue du milieu, l’avis conforme de ces organismes est nécessaire.

Avant d’autoriser de pareils débordements « contrôlés » des bassins de sécurité, il aurait fallu, depuis 2021, ou avant, de contrôler l’activité du SIBA, son ingénierie, sa capacité d’entretenir et de faire évoluer les réseaux, et lui imposer le respect de la réglementation et des principes de sécurité sanitaire et environnementale due aux administrés, aux métiers de la mer et à la nature.

En présence de pareils dysfonctionnements, il aurait fallu limiter, voire stopper l’artificialisation et les autorisations d’urbanisme dans les secteurs critiques ce que les associations n’ont pas manqué de demander, en vain.

Méconnaissant les principes, les projets d’arrêtés présentés visent à autoriser le SIBA à déverser sans pénalité dans le Bassin d’Arcachon, et ce chaque année, que la pluviométrie ait été exceptionnelle ou non, une charge de pollution pouvant aller jusqu’à 5 % de la charge collectée annuellement ; compte tenu de la dilution des eaux usées par les eaux parasites lors des épisodes de déversements, cela représente un volume considérable, encore plus important que celui déversé lors de l’hiver dernier. C’est évidemment scandaleux et inacceptable.

De tels arrêtés, s’ils venaient à être pris, se verraient aussitôt attaqués par tous les moyens légaux, y compris judiciaires.

Aussi l’ADEBA et la CEBA demandent aux services de l’état de reprendre ce dossier en respectant en premier lieu les principes précités. Afin de mettre en place une véritable démarche d’amélioration et de garantir une appréciation équitable et impartiale de la situation, elles demandent également que les dispositions suivantes soient mises en œuvre.

  1. La règle de base, traduisant l’objectif partagé par tous, est et doit rester « zéro rejet dans le Bassin ». On peut néanmoins comprendre que des circonstances réellement exceptionnelles et imprévisibles puissent obliger à y déroger. Pour autant, le critère déterminant la possibilité de déverser sans pénalités doit correspondre à un évènement vraiment exceptionnel ; en tout état de cause le temps de retour d’un tel évènement ne saurait être inférieur à 30 ans, qui est le temps de retour fixé par le SIBA lui-même dans son schéma directeur pluvial pour la protection des zones urbanisées contre les débordements du pluvial, qui sont la principale cause des débordements du réseau d’eaux usées.
  2. Le SIBA, ne pouvant pas être juge et partie, ne saurait se voir confier le suivi des effets des débordements de son réseau d’eaux usées, qui doit être confié à un organisme indépendant, garantissant une information objective, impartiale et transparente de toutes les parties concernées. 
  3. La réduction des débordements du réseau pluvial doit être la priorité intangible du SIBA et le demeurer tant que des risques de débordements récurrents subsisteront. Le niveau d’autorisation de débordement demandé par le SIBA laisse en effet penser que le réseau pluvial présente un taux de dysfonctionnement qui est passé hors de contrôle. Aussi, pour réduire efficacement ces dysfonctionnements, et pour retrouver auprès des différents acteurs locaux un minimum de crédibilité dans les propos qu’il tient sur le sujet, le SIBA doit :
    • Commencer par appliquer strictement, sur l’ensemble de son territoire, les prescriptions, tant règlementaires que fixées dans son propre schéma directeur, en particulier sur l’infiltration à la parcelle (le SIBA commence à en reconnaître les limites lorsque la nappe affleure mais continue à instruire favorablement des demandes de permis de construire en sous-estimant délibérément son niveau, exemple PC03322924K0024) et sur le bon état des fossés (il ne faut plus accorder aucune dérogation pour leur comblement et être plus actif pour faire appliquer la loi auprès des riverains en infraction).
    • Dans les zones touchées par des inondations récurrentes, geler tout nouvel aménagement susceptible d’aggraver le phénomène, et ce au moins jusqu’à ce que les actions menées pour résorber durablement le problème aient montré leur efficacité.
      • Expliquer par le détail le programme de travaux envisagés avec pour chaque opération l’effet attendu sur le fonctionnement attendu et les critères qui permettront de vérifier l’efficacité des investissements réalisés avec les deniers publics.
  4. Dans l’attente des résultats des travaux sur le pluvial visant à réduire ses dysfonctionnements, le SIBA doit expliquer en toute transparence les problèmes rencontrés sur le réseau d’eaux usées, en fournissant le détail de ses données d’exploitation, et montrer qu’il optimise en priorité le fonctionnement de son réseau d’eaux usées pour rejeter autant que possible les débits excédentaires au wharf plutôt que dans le Bassin, comme l’ont fait justement remarquer vos services.
  5. Les déversements d’eaux usées effectués vers le Bassin au-delà du critère qui sera fixé doivent donner lieu à des pénalités.

L’ADEBA et la CEBA restent dans l’attente d’une nouvelle version des projets d’arrêtés respectueuse des exigences environnementales et assurent Monsieur le Préfet de leur entière détermination pour restaurer et préserver l’environnement du Bassin.

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Projet MOHYS (connaissance de la nappe sub-affleurante) : un rapport décevant

Parmi les préoccupations de l’ADEBA figure en bonne place l’insuffisante prise en compte, par nos collectivités territoriales, des phénomènes d’inondations causées par les remontées de la nappe phréatique et par les réductions de capacité d’évacuation du réseau pluvial, ainsi que sur les débordements du réseau d’eaux usées que cela provoque.

Aussi fondions-nous quelque espoir sur les conclusions attendues du projet MOHYS, lancé par le SIBA en 2018 avec le BRGM et dont l’objectif était (comme indiqué dans le rapport annuel 2020 du SIBA), de « créer un modèle prédictif pour la nappe phréatique sub-affleurante du territoire du Bassin d’Arcachon. Ce projet fortement transversal permettra à terme la production d’un outil opérationnel trouvant des usages en lien avec de nombreuses compétences telles que l’assainissement des eaux usées, des eaux de pluie, l’étude des transferts de micropolluant et la gestion du risque inondation au sens large ». Cette démarche, une des premières lancées par le SIBA suite à sa prise de compétence sur le pluvial, faisait suite à sa prise de conscience du problème des inondations récurrentes (en particulier celles de 2014 et 2016) qui traduisaient un mauvais fonctionnement du réseau pluvial et généraient des débordements du réseau d’eaux usées.

Nous espérions alors que, conformément à l’objectif ainsi décrit et qui nous parait fort louable, les conclusions de cette étude permettraient, entre autres, d’établir une cartographie de la nappe en période la plus problématique, c’est-à-dire en période de hautes eaux, de mieux cerner les zones où son caractère affleurant limite fortement, voire interdit la possibilité d’infiltrer sur la parcelle, et constitueraient ainsi un outil utile pour une conduite mieux avisée de la politique d’aménagement de notre territoire.

Malheureusement, la récente publication sur le site du SIBA (rubrique Bibliothèque environnementale) du rapport final du BRGM sur ce projet (ref BRGM/RP-72294-FR) ne nous semble pas répondre à cet objectif et nous laisse particulièrement perplexes pour les raisons suivantes :

  • Tout d’abord le champ de l’étude, tout intéressant qu’il soit sur le plan académique, englobe un vaste périmètre, tant horizontal (vastes zones amont non urbanisées) que vertical (aquifères de nappes inférieures), qui réduit le domaine le plus sensible (les débordements de la nappe superficielle dans les zones urbanisées) à une portion congrue, et le problème le plus impactant n’est de fait pas correctement traité.
  • Les campagnes de mesure n’ont pas été, de l’aveu même du BRGM, menées dans les règles de l’art et les données acquises n’ont pas pu, de ce fait, être correctement interprétées.
  • Le maillage a été bien affiné dans la zone sud, mais seulement très ponctuellement sur la côte nord-est qui est pourtant elle aussi très impactée par les problèmes d’inondation.
  • Le modèle utilisé est à seule visée hydrogéologique et « de ce fait, il ne peut se substituer totalement à un modèle hydraulique de surface pour représenter la complexité des écoulements à surface libre » ; or ce sont bien des écoulements à surface libre qui doivent être gérés en cas d’inondation, lorsque par exemple les eaux d’un bassin versant sont dirigées vers un autre pour le soulager.
  • Ce modèle n’autorise qu’un seul sens d’écoulement ce qui est trop restrictif pour bien refléter la situation réelle, notamment pour tenir compte des phénomènes de forte marée haute sur la frange littorale.
  • Dans les cas où les sens d’écoulement diffèrent selon la période basses eaux ou hautes eaux, le modèle a retenu le cas basses eaux, alors que c’est le cas hautes eaux qui est le plus critique.
  • Le réseau de drainage, aussi bien naturel qu’anthropique, n’a pas été totalement pris en compte, ce qui peut fausser l’estimation des débits par le modèle et nécessiter des corrections pour un calage plus pertinent du modèle.
  • Le pas de temps mensuel retenu ne peut pas restituer des variations plus rapides, pourtant susceptibles de causer de graves problèmes.
  • Comme c’est malheureusement trop souvent le cas dans la plupart des études, cette étude ne répond pas à l’objectif initial mais conclut sur la nécessité de réaliser de nouvelles études pour mieux caler le modèle et ainsi mieux cerner les zones de débordement en hautes eaux.

Au-delà d’un constat qui s’avère donc très décevant par rapport à l’objectif visé, le point qui nous a le plus surpris dans ce rapport est la référence retenue pour la période de « hautes eaux », à savoir février 2022. En effet cette période correspond à une situation pas du tout représentative à la situation hautes eaux d’une année moyenne, et encore moins d’une année humide. Le graphique présenté dans l’illustration 4, qui nous semble assez représentatif de la situation de la nappe superficielle sur l’ensemble du territoire urbanisé, montre bien que la situation de février 2022 (seconde colonne rouge) s’apparente plus à une situation « basses eaux » et qu’il aurait été plus pertinent de prendre par exemple février 2021 (période où des dysfonctionnements avaient d’ailleurs été constatés).

C’est pourquoi nous craignons fort que le choix d’un point de référence « hautes eaux » aussi éloigné de la réalité ne puisse conduire qu’à des résultats erronés, qui généreront des choix malheureux, et ne contribue finalement qu’à aggraver les problèmes existants au lieu d’aider à les résoudre.

Par ailleurs, il apparaît clairement que ce rapport, tel qu’il est publié, ne fournit aucun résultat sur la définition des zones du territoires sujettes aux remontées de nappe et inondations.

Aussi l’ADEBA a-t-elle écrit au Président du SIBA et au Directeur du BRGM en leur demandant de bien vouloir nous indiquer :

  • comment ce rapport peut être utilisé pour établir une cartographie des zones du territoire sujettes aux remontées de nappe et inondations,
  • si c’est ce rapport qui a pu permettre le calcul du chiffre récemment publié par le SIBA des 6% des surfaces habitées concernées par des débordements de nappe, et quelle est la cartographie de ces zones,
  • comment vous comptez tenir compte des remarques précitées,
  • quand et comment sera publié un résultat exploitable permettant aux acteurs du territoire de mieux connaître la nappe sub-affleurante.

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Pétition contre les déversements d’eaux usées

Lors de la conférence du 7 novembre 2024 à Andernos-les-bains sur la qualité des eaux du bassin d’Arcachon qui a réuni plus de 250 personnes (conférence en grande partie animée par le bureau de l’ADEBA), des auditeurs ont émis l’idée de faire une pétition pour que le Préfet n’autorise pas les déversements des égoûts dans le bassin d’Arcachon, quelles que soient les conditions météorologiques.

Notre amie Clarisse Holik, présidente de l’association Le Bétey, plage boisée à sauvegarder, a préparé cette pétition, qui vient renforcer le courrier que l’ADEBA avait adressé au Préfet sur le même sujet :

https://www.change.org/p/non-au-d%C3%A9versement-des-eaux-us%C3%A9es-dans-le-bassin-d-arcachon

Tous les défenseurs de l’environnement et du cadre de vie sont chaleureusement invités à la signer.

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Assemblée Générale de l’ADEBA

L’ADEBA a tenu le 18 novembre 2024 son assemblée générale actuelle.

Après la présentation par le bureau et l’adoption à l’unanimité du rapport moral et du rapport financier, les membres se sont retrouvés pour échanger autour d’un apéritif ostréicole offert par son président.

Le compte rendu de l’AG est disponible ici : https://drive.google.com/file/d/1t1rb6MyfYTwAvxXM2Hq3-A6I2cU-THZL/view?sp=sharing

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