Défilé à Arcachon contre les rejets en mer : non aux projets « futuricides » et à la « cannibalisation » du Bassin

article du journal Sud-Ouest publié le 11 mai 2025

Une pierre tombale à la mémoire du bassin d’Arcachon flanquée de l’épitaphe écocide. Des pancartes sans équivoque : « Bassin d’Arcachon, vacances à la merde ». Ce samedi 10 mai, à 14 heures, un cortège se réunit devant la sous-préfecture d’Arcachon, lieu de rassemblement du carnaval organisé par les associations de protection de la nature.

Leur propos ? Attirer l’attention du public sur la disparition du vivant dans le bassin d’Arcachon. Le lieu est symbolique puisque fin février, le préfet a signé les arrêtés permettant, en cas de « circonstances exceptionnelles », de rejeter les eaux usées non traitées dans la nature.

Des arrêtés attaqués devant le tribunal – l’audience est prévue le 13 mai – par la coordination environnementale (Ceba), la Sepanso et l’Adeba (Association de défense des eaux du bassin d’Arcachon).

L’Adeba dont le char, qui ouvrit le défilé, résuma bien le message de cette journée.

Inspiré de « l’œuvre anonyme et éphémère découverte trônant sur la balise K1 pendant le salon nautique d’Arcachon », il en a repris les codes. Un cabinet de toilette dont l’évacuation est estampillée Siba du nom du syndicat en charge de l’assainissement avec, en son bout, un excrément et son message « moi je plonge dans le bassin quand ‘‘circonstances exceptionnelles‘‘  ».

Masqué d’un visage à la « South Park », un homme s’y assit, pantalon baissé, alors qu’à ses pieds des bidons estampillés antifouling, anti limaces, désherbants ou encore lessive tensio actif symbolisent ce qui, aussi, se déverse dans le plan d’eau.

Cette déambulation qui réunit près de 150 personnes ne passa pas inaperçue, surtout au niveau du front de mer, alors fréquenté par des touristes. À ceux qui s’interrogèrent, les manifestants apportèrent des réponses.

« Est-ce un progrès d’offrir cuivre et cocktail de pesticides au milieu marin pour le seul bénéfice d’avoir des coques de bateau qui restent propres sans frotter ? De remplacer les fossés par du béton, d’anéantir un réseau hydraulique indispensable drainage des sols ? Le déni n’est plus acceptable, il est criminel et suicidaire », vibra Thierry Lafon, ostréiculteur et président de l’Adeba. Et de demander un moratoire sur les permis de construire.

Conseiller régional EELV et élu de l’opposition à Arcachon, Vital Baude dénonça également la « politique de bétonnage et le tourisme de masse » ainsi que la « cannibalisation de tout par le Siba ». Et d’en appeler au sursaut par les urnes, à un an des municipales. Le maire d’Arcachon, Yves Foulon, présidant aussi le Siba.

Elue de Gujan-Mestras et trésorière de l’Adeba, Elizabeth Rezer-Sandillon a dénoncé « les méfaits du surtourisme, le renversement des valeurs, la privatisation du collectif et les projets futuricides. »

Sur la jetée, dans l’ampli, résonna le discours de l’ancien président de la République, Jacques Chirac, prononcé lors du sommet de la terre en 2002 : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ».

Ce contenu a été publié dans Dans la presse ils parlent de nous.... Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire