La pollution des eaux du Bassin et de huîtres par les HAP a fait l’objet de divers suivis montrant l’importance relative de cette pollution qui se situe à un niveau préoccupant.
Le rapport de synthèse HAP publié par le SIBA en 2021 cible les feux de cheminée comme principale source de cette pollution.
Aussi, suite aux importants feux de forêt de l’été 2022, l’ADEBA s’est inquiétée de l’impact provoqué par ces feux de bois sur la qualité des eaux du Bassin et son écosystème.
L’ADEBA a donc questionné la Préfecture de la Gironde en demandant 1) quels programmes de prélèvements, mesures et analyses, avaient été mis en place par les divers organismes contribuant au suivi environnemental, pour d’une part apprécier la nature et l’importance des apports de HAP générés par ces incendies dans le milieu naturel (air, eaux douces, eaux marines) et dans les organismes vivants (en particulier coquillages), et d’autre part, par signature moléculaire, traçage isotopique ou toute autre méthode analytique, pour les distinguer des autres apports (transport routier, motonautisme, etc.), et 2) quels étaient les résultats de ces mesures.
Une première réponse de la Préfecture a rassuré ADEBA en septembre 2022 sur le sujet, en indiquant que les premières mesures effectuées ne montraient pas de contamination du milieu suite aux incendies.
Cette réponse restant très générale, et n’apportant aucune réponse précise aux questions posées par l’ADEBA, l’ADEBA a de nouveau écrit à la Préfecture en octobre 2022 en demandant les mêmes précisions et en indiquant que, s’il s’avérait donc que ces incendies n’ont pas eu d’impact significatif dans la teneur en HAP des eaux du Bassin, il convenait alors de revoir sérieusement l’état de nos connaissances sur le sujet.
En effet, les rapports déjà publiés sur le sujet attribuant à la seule combustion du bois pour le chauffage domestique une part prépondérante dans les apports de HAP au milieu naturel, on pouvait légitimement supposer, au vu des volumes de bois brûlés lors des incendies de cet été et de la densité des fumées constatée plusieurs jours sur le plan d’eau du Bassin, que la signature de ces incendies sur la teneur en HAP des eaux du Bassin allait être très significative.
Cette hypothèse semblant être écartée, cela remet en cause l’interprétation que l’on pouvait avoir des conclusions des études précitées, études d’ailleurs basées sur de nombreuses estimations et extrapolations. Il importe donc de rechercher de manière plus précise les origines exactes des HAP présents dans les eaux du Bassin, afin de connaître réellement le niveau d’incidence de chacune des différentes sources identifiées d’émission de HAP dans la contamination du milieu marin, et qu’en conséquence les politiques publiques puissent être adaptées afin de combattre efficacement cette pollution.
On peut par ailleurs noter que le rapport de synthèse HAP du SIBA, identifiant le motonautisme comme autre source de pollution aux HAP, indiquait que des études complémentaires devaient être menées pour mieux cerner cette source, mais il semble que ces études ne soient toujours pas réalisées, ce qui est très regrettable.
Suite à ce deuxième courrier à la Préfecture, la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer) a répondu, dans la même lignée que la première réponse, que les analyses étaient bonnes sans donner plus de détails.
L’ADEBA a alors écrit à la DDTM un courrier plus technique demandant que plus d’investigations soient menées sur l’origine des HAP trouvés dans le Bassin :
« » Comme nous avions essayé de l’exprimer dans nos précédents courriers, nous pensons qu’il est nécessaire de mener des investigations approfondies, au-delà des conséquences des incendies de l’été dernier, sur la part relative de chacune des sources potentielles d’émission de HAP dans la contamination du milieu marin (eau et faune).
Plusieurs méthodes ont été développées pour tracer l’origine des HAP retrouvés dans le milieu naturel et ont été largement utilisées de par le monde, comme le relatent de très nombreux articles scientifiques.
L’ONEMA et l’INERIS ont réalisé une étude sur le sujet et publié en 2014 un rapport intitulé « Bilan des méthodes d’identification des sources applicables au domaine de l’eau et premier choix des profils caractéristiques appropriés » https://professionnels.ofb.fr/sites/default/files/pdf/66_ONEMA_DRC-13-SourcesHAP.pdf qui liste les méthodes déjà employées à l’époque pour établir la contribution des sources potentielles aux niveaux des HAP observés dans le milieu aquatique, et il est fort probable que les connaissances de la communauté scientifique aient encore progressé depuis.
Or, à notre connaissance, la détermination de l’origine des HAP présents dans les eaux du Bassin n’a jusqu’à présent pas fait l’objet d’études mettant en œuvre toutes les méthodes d’identification disponibles. Si le Bassin s’enorgueillit, à juste titre, d’être pionnier sur divers sujets dans les domaines de la recherche et de l’environnement, nous ne pouvons que souhaiter qu’il en soit de même sur celui-là, et nous renouvelons, en les ayant ainsi précisées, nos demandes précédentes. « »
Ce dernier courrier est pour l’instant resté sans réponse.